Atlas Revisited
En 2012, le chorégraphe Andros Zins-Browne et l’artiste en arts visuels Karthik Pandian visitaient les studios Atlas de Ourzazate, au Maroc. Là, face aux décors de l’ancienne Egypte, de la Mecque, de Jérusalem et autres, ils décidèrent d’engager une troupe de chameaux, professionnels du cinéma, et tentèrent de les faire interpréter des extraits de la chorégraphie Channels/Inserts, créée par Merce Cunningham en 1982.
Bien que le projet puisse paraître improbable, la mission fut accomplie à bien des égards. La vidéo Atlas/Inserts, réalisée en 2014, permet d’admirer le résultat. En 2016, avec Atlas Revisted, les deux artistes vont se pencher à nouveau sur ce projet et le développer. Cette fois, au lieu de tenter d’expliquer le pourquoi de leur action, ils souligneront leurs motivations et les implications de celles-ci dans une performance incluant du texte, du mouvement et de l’image en mouvement.
Avec Atlas Revisited, les deux artistes élargissent leur focus de l’exécution d’une chorégraphie pour chameaux aux conditions politiques entourant la production et la description de mouvements. A la lumière de leur travail précédent, Andros Zins-Browne et Karthik Pandian re-imaginent leurs motivations ainsi que les différentes formes d’exploitation, de violence et de mouvements qu’ils ont tous deux, volontairement et involontairement, induit au long du chemin.
En janvier 2016, les deux artistes engageront donc à nouveau des chameaux pour tourner une seconde vidéo à l’EMPAC, à Troy, dans l’Etat de New-York. Mais cette fois, les acteurs/chameaux seront américains, les scènes seront filmées sur fond vert, et il sera fait usage de technologies numériques, de la technique de capture du mouvement et d’images de synthèse. Le côté high-tech à la fois renouvelle le travail et sert de ruse: la vidéo Atlas/Inserts aurait-elle aussi été filmée dans un studio sur fond vert avec des chameaux américains jouant le rôle de chameaux marocains exploités? Ses séquences granuleuses filmées à l’épaule, du point de vue des chameaux, ont-elles en réalité été conçues par ordinateur ? Les artistes sont-ils en train de décrire un tournage ou de jouer dedans ?
Cela devrait produire de nouvelles perspectives sur le mouvement, la liberté et la production d’images. Toutes les images produites (et détruites) entrent en ligne de compte: celles de simili terroristes de l’ISIS, de manifestants témoignant du printemps arabe, de chameaux dansants, dociles et inconscients ou très futés et rusés, et d’une paire d’insatiables artistes contemporains. Via ces différents points de vue, les artistes confrontent les situations et efforts inhérents à la fabrication d’images et leurs propres rôles au sein de telles pratiques. Avec sa distribution faite d’un mélange de circonstances politiques, de corps (humains et animaux), et de technologie, Atlas Revisited danse entre la recherche de la liberté et la volonté de produire des images de la liberté.
Crédits
Concept/Direction: Karthik Pandian en Andros Zins-Browne
Production: The Great Indoors (Bruxelles) et Hiros (Bruxelles)
Coproduction: Kaaitheater (Bruxelles), EMPAC (Troy, NY), Kunstencentrum BUDA (Courtrai)
Avec le soutien de: la communautaire flamande, la commission communautaire flamande, Black Cinema House (Chicago), Kunstenwerkplaats Pianofabriek (Bruxelles), Vooruit (Gand) dans le cadre de DNA (Departures and Arrivals European Project)