C.O. Journeys

Le moyen utilisé est une camera obscura de dimension suffisamment grande pour pouvoir contenir une trentaine de personnes et conçue pour être mobile, de sorte qu’en modifiant son orientation, elle donnera une image différente et créant ainsi son propre petit espace de projection. La camera obscura fonctionne comme zone dans laquelle le public est assis, comme mécanisme par lequel l’image est transmise et, dans une plus large mesure, comme sujet de la performance elle-même.

C’est une sorte de proto-cinéma s’inscrivant dans la relation quelque peu inconfortable qui existe entre la performance live et le film, mais qui possède ses caractéristiques quelque peu étranges.
L’étrangeté du phénomène de la camera obscura – l’inversion de l’image, le fait que les sujets soient à la fois physiquement situés à l’intérieur et séparés de la projection qui en résulte, le caractère inexplicable de la qualité picturale de l’image – se reflète dans une série de récits servant d’interconnexion entre fiction, faux documentaire et biographies réelles. Ces récits tentent de saisir le sens ambigu inhérent à la camera obscura, tandis que l’ensemble du processus évoque une histoire des techniques de production d’images.

C.O. Journeys s’inscrit dans le prolongement de la collaboration entre Joanna Bailie (compositrice) et Christoph Ragg (scénographe), un partenariat symbiotique qui compte parmi ses objectifs principaux l’exploration de la relation entre le son/le temps et l’image/l’espace. Leur approche touche la forme (axée sur la « micro-structure ») plutôt qu’une démarche strictement dramaturgique. Les différents éléments sonores et visuels sont disloqués, analysés et reconstitués de manière à révéler certaines des possibilités et des limites du travail multidisciplinaire.