Works: Laurent Liefooghe

Woonmachine

WoonMachine est une maison au sein de laquelle la vie se déroule sans habitant. A mi-chemin entre maison de verre moderniste et boîte noire, l’installation éprouve les frontières entre l’habitation réelle et sa représentation. Liefooghe nous livre ici une séquence de 37 minutes de son, de lumière, et de mouvements de stores automatisées.

Un espace phénoménologique:

WoonMachine fait directement appel aux sens du visiteur. On y entend des pas sur le parquet, un robinet qu’on ouvre, le jet d’une douche ou le bruissement d’un vêtement tombant sur le sol. Au dehors, en bruit de fond, le grondement d’une voiture qui passe et le chant des grillons. La lumière écrasante du soleil de midi déclinera peu à peu en rayons du couchant, pour s’évanouir dans une aurore douce et bleutée. Une voix ordonne à l’habitant de se lever. Elle lui demande d’exécuter des mouvements très précis tels que : se coucher sur le dos, repousser un peu la couette et lever le torse en s’aidant de ses coudes,…

L’occupant de WoonMachine n’a pas de corps. On l’entend bouger. On perçoit les conséquences de ses actions. La lumière s’éteint, les stores se replient, et pourtant, il reste invisible. Son corps n’est qu’une projection dans l’esprit du visiteur.

Un espace psychologique:

WoonMachine dissèque une journée ordinaire. Chaque mouvement, chaque son ou silence est systématiquement développé et représenté en une boucle infinie de son et de lumière. L’extrême précision dans la description de ces diverses actions vise à monopoliser toute l’attention. L’espace laissé à d’éventuels moments de respiration se réduit au minimum. La familiarité évidente de ces gestes quotidiens nous rend l’expérience presque dérangeante… Comme si nous étions absorbés dans une névrose compulsive, ou piégés dans une vie cantonnée à un espace oscillant entre une maison moderniste, une vitrine du 19è siècle et un stand de démonstration chez Ikea.

Un espace performatif:

WoonMachine est un espace actif. Loin de se limiter à la production d’un cadre au sein duquel les actions se déroulent, cette  »machine à habiter » provoque elle-même ces actions. Par conséquent, son architecture se définit par ce qu’elle fait plutôt que par ce qu’elle représente. En accédant à cet espace, le spectateur intègre la scène par le simple fait d’être présent mais peut aussi choisir d’y participer activement.

L’installation fonctionne donc à deux niveaux: à la fois petit théâtre où son et lumière produisent une suite de scènes domestiques, et espace contenant tous les éléments d’une véritable habitation (l’eau courante, les meubles Ikea ou la cuisinière). Le visiteur peut donc, s’il le souhaite, faire du café ou prendre une douche.

Crédits

Concept and realization: Laurent Liefooghe
Sound and conceptual advice: Christophe Meierhans
Commissioned by: Z33 Centre for contemporary art and design
Co-producers: TAKT Dommelhof, Huis aan de Werf Utrecht
Executive producer: Mokum vzw
With the support of the Flemish Community